Espace recouvert, puis découvert jour après jour par la marée.

Abritée des courants dans l'angle formé par la Bretagne et le Cotentin, la baie du Mont -400 km²- s'ouvre sur la mer de la Manche. Les marées y sont d'une amplitude exceptionnelle, jusqu'à 15 m en période de vives eaux. L'estran s'étend sur 250 km².

Au fond de cette "grande Baie", la "petite Baie", entre la chapelle Sainte-Anne (Cherrueix) et le Bec d'Andaine (Genêts), forme un sous-ensemble de 50 km². Parcourue de grèves (slikke) et d'herbus (schorre), elle est également estuaire de trois rivières, la Sée, la Sélune et le Couesnon.

Appelé également barre. Phénomène annonciateur de la marée montante, arrivant environ une heure avant la pleine mer, c'est une vague provoquée par la rencontre d'un flot rapide et des courants descendants. Il se forme à l'embouchure du Couesnon et dans l'estuaire de la Sée et de la Sélune (pointes de la Roche Torin et du Grouin du sud).

Végétation halophile (qui tolère le sel) d'origine terrestre, les plantes qui composent les herbus se sont adaptées pour coloniser la partie supérieure de l'estran (portion du littoral comprise entre les plus hautes et les plus basses mers) et donner ainsi naissance au schorre.
Les herbus sont également appelés prés salés, lorsqu'ils sont pâturés par les moutons.
Selon leur tolérance à la submersion et leur sensibilité à la salinité, les plantes s'étagent le long de la pente, à partir d'un certain niveau altimétrique. Certaines espèces pionnières comme les Spartines et les Salicornes peuvent s'implanter autour du niveau + 5 m IGN 69 dans des secteurs calmes où la dynamique sédimentaire est peu active.
Les herbus du Mont-Saint-Michel couvrent un territoire d'environ 4.000 hectares, augmentant chaque année leur emprise d'une vingtaine d'hectares dans la Grande Baie.
La slikke est le nom scientifique donné aux grèves nues sans végétation.

Brochure Hydrosédimentaire

Un chenal dans l'herbu qui se remplit au gré de la marée.

Plus de 600 prélèvements directement tamisés sur le terrain ont permis d'identifier 12.000 spécimens appartenant à 12 espèces.
La faune benthique de la baie est constituée de mollusques bivalves filtreurs la Macoma et la Coque (ils filtrent les particules contenues dans l'eau avec leurs branchies, rejettent les minéraux et conservent les matières organiques), de petits crustacés détritivores ressemblant à des "puces de mer" (petits crustacés de quelques millimètres s'alimentant de matières organiques à la surface des sédiments) et d'un ver, le Néreis.
Les invertébrés benthiques se nourrissent des micro-organismes (diatomées, micro algues, larves de crustacés, de mollusques) qui vivent dans les sédiments ou en suspension dans l'eau de mer. Eux-mêmes sont à leur tour consommés par les oiseaux d'eau et les poissons.

Brochure Environnement

Recouvrant par milliards les fonds de la baie, les diatomées sont des algues unicellulaires qui forment une pellicule brune invisible à l'œil nu. La taille moyenne des diatomées oscille, en effet, entre 20 et 150 millièmes de millimètre.
Ces algues microscopiques sont d'une utilité fondamentale pour l'écosystème de la baie. Les huîtres, les moules, les invertébrés benthiques ou même certains poissons comme le mulet se nourrissent des diatomées dont dépend une grande partie de la chaîne alimentaire.
À la différence des herbus, qui forment une masse végétale importante, à renouvellement lent et dont une petite partie est consommable par les moutons, les diatomées ont une capacité de multiplication extraordinaire et une présence discrète.